Métal hurlant

Publié le par Dudley Smith



Que vous appeliez le film "Terminator Salvation" ou "Terminator renaissance", il s'agit bel et bien du renouveau d'une franchise hollywoodienne, certainement la plus excitante des décennies 80-90 avec Alien. Ce quatrième "segment" de la saga des robots-qui-font-peur était - à juste titre - très attendu par les fans hardcore, quelque peu (c'est mon cas) décontenancés par le grand-guignol de série B sans passion proposé voilà quelques années par Jonathan Mostow, Nick Stahl et Schwarzy en lunettes fluo.

Si le T4 frappe avant tout les esprits, au sens propre, c'est surtout visuellement, et à plein volume. Suivant le canevas à la mode des blockbusters "pessimistes", type Dark Knight ou Watchmen, tout ici n'est que sombre, nuit éternelle, désolation, ruines fumantes et cybernétiques. L'essentiel du film se passe dans le noir, dans la nuit, dans des bâtiments lugubres, voire sous l'eau...au point que même le gris parisien à la sortie de la salle en vient à faire du bien.

Viennent ensuite les effets spéciaux, qui portent évidemment le film. Mais pas seulement, ou pas complètement, puisque ce sont surtout les scènes de baston, de poursuite, de traques, qui font tout le sel du long-métrage. Robots innovants et flippants, explosions à tout va, inutile de préciser que l'amateur de gros bruits et de testostérone en a plus que pour son argent. Ca pète, ça tue, ça explose, dans un opéra de bruits stridents et un déluge pyrotechnique de métaux en tous genres : robots donc, camions, motos, sous-marin, flingues, haches, carcasses, une vrai orgie de fer.

A ce titre, donc, les scènes de fight et autres sont juste parfaites. On est pas dans un salmigondis imbitable à la Attaque des clones, ou dans un rythme une demi-heure de tchatche, une scène de boum, comme dans Dark Knight, qui reste pourtant la quintessence du film de super-héros du XXIè siècle. A l'époque des films d'action classe, fins et rusés (Casino Royale, Jason Bourne) des pop-sagas gay friendly et cucus (Star Trek), ce Terminator cuvée 2009 est à lui seul une excellente nouvelle. Et si certains sont en droit de descendre le film (brillamment) comme Vincent Malausa pour Cronic'Art, il est compliqué de ne pas reconnaitre l'effort visuel entrepris par McG, surtout après des ratés criards comme The Spirit, 300 ou Die Harder...





C'est donc sur le "fond" que le film subit ses rares écueils. Si James Cameron n'avait certainement pas fait Normale Sup, il parvenait quand même à installer cette philosophie flippante sur le contrôle de l'avenir, le devenir des humains, et certains dialogues de T2 ou la scène du "jugement dernier" restent comme des anticipations cultissimes et cauchemardesques de l'histoire du ciné. Pas de formalités ici, malgré plusieurs belles scènes, le contour philosophico-futuriste est expédié vite fait, bien fait.

On sent surtout que McG n'a pas voulu s'embarasser de digressions ou autres nappages inutiles, et il reste braqué dans son film d'action et ses scènes au cordeau sans respirer, comme en témoigne d'ailleurs un montage plutôt acharné.
Le dernier défaut du film est aussi à chercher dans la distribution. Si Sam Worthington et le jeune Kyle Resse jouent très juste, et sont de vraies surprises, certains acteurs font clairement de la figuration, comme la splendide Bryce Dallas Howard ou Common, qui slame huit pauvres répliques de sa douce voix.

Enfin, le cas Christian Bale devient désormais une véritable énigme. Marqué par la fameuse anecdote du pétage de plombs ayant fuité sur le net, à voir et revoir ici, cet acteur britannique encore très prometteur voilà peu semble ici totalement perdu. Comme dans le Dark Knight sus-cité, on hésite entre un charisme fou et un jeu totalement hors du ton, de la part de quelqu'un nous ayant pourtant habitué au meilleur (The Machinist, Harsh Times). Dans la première demi-heure de Terminator, toutes ses répliques sonnent faux, pas d'autre explication possible. Peut-être l'usure, sans doute la grosse tête, mais c'est bien dommage. Reste sans doute le Michael Mann à venir pour le sauver...





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F
Même si la forme m'emballe je pense aussi qu'il y a des ratés sur le fond. Une sorte d'inachévement ce qui est inquiétant pour les suites prévus.<br /> <br /> Ma petite pierre à l'édifice:<br /> <br /> http://freakosophy.over-blog.com/article-32700946.html<br /> <br /> Fr.
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